Aller au contenu

 

Chercher de nouveaux traitements à travers les cellules

Grâce aux recherches du professeur Régen Drouin sur les cellules fœtales, le test d'amniocentèse pourrait céder sa place à un prélèvement sanguin d'ici environ cinq ans.
Grâce aux recherches du professeur Régen Drouin sur les cellules fœtales, le test d'amniocentèse pourrait céder sa place à un prélèvement sanguin d'ici environ cinq ans.
Photo : Michel Caron

10 janvier 2008

Dans un laboratoire de génétique de la Faculté de médecine et des sciences de la santé, Régen Drouin travaille pour que les femmes enceintes puissent un jour remplacer le test d'amniocentèse par un simple prélèvement sanguin.

Titulaire de la Chaire de recherche en génétique, mutagenèse et cancer, Régen Drouin travaille depuis plusieurs années sur les cellules fœtales. Son but consiste à trouver un test moins risqué que l'amniocentèse pour détecter les anomalies chromosomiques. Suggérée aux femmes enceintes de plus de 35 ans, cette procédure comporte un risque d'avortement. «Ça varie, mais grosso modo, il y a un risque de 1 sur 300 ou sur 400 d'avoir une perte de la grossesse. Donc, c'est pas l'idéal», dit le chercheur.

Dans l'enregistreuse qui capte l'entrevue, s'entend le son de l'Ikoniscope, un appareil unique au Canada qui permet de balayer automatiquement plusieurs lames de microscope. Capable d'analyser individuellement quelque 100 000 cellules en deux heures, cet appareil s'avère essentiel aux recherches du professeur Drouin.

Une recherche de longue haleine

Il y a longtemps que les chercheurs savent que des cellules de l'enfant passent dans la circulation maternelle, mais c'est grâce au projet de doctorat de Kada Krabchi qu'il a été possible de déterminer en quelle quantité. De deux à six cellules fœtales circulent dans un millilitre de sang maternel. Toutefois, chez les mères porteuses d'un bébé atteint de trisomie 21, 13 ou 18, les recherches ont démontré que les cellules fœtales circulent en plus grande quantité. «Peu importe l'anomalie chromosomique, on retrouve de deux à dix fois plus de cellules fœtales que dans les cas normaux», observe Régen Drouin, qui travaille à améliorer les méthodes d'enrichissement de ces cellules fragiles. «Ce sont des cellules intéressantes à utiliser, car elles sont représentatives de ce qu'est le fœtus», observe-t-il.

À l'heure actuelle, l'équipe du professeur Drouin cherche à savoir si le nombre de cellules augmente au fil de la grossesse et de quel type de cellules il s'agit. Pour ce faire, des prélèvements doivent être effectués très tôt en début de grossesse et ensuite aux quatre semaines.

Malgré l'application éventuelle de ses recherches, le professeur Drouin souligne que le financement ne va pas de soi : «La cytogénétique moléculaire, ce n'est pas facile à financer.» Si tout va pour le mieux, il prévoit que la prise de sang pourra remplacer l'amniocentèse dans cinq ans.

Dépistage des maladies métaboliques

Le chercheur participe également au programme de dépistage des maladies métaboliques héréditaires chez les poupons; un programme unique au monde géré par Christiane Auray-Blais. Plus de 25 maladies peuvent être dépistées par ce programme : des maladies qui peuvent être traitées une fois repérées. En guise d'exemple, le chercheur parle de l'acidurie argininosuccinique, une maladie héréditaire rare qui, si elle n'est pas dépistée à temps, peut conduire à un retard mental. Et comment se traite-t-elle? «Par un supplément diète d'un acide aminé, l'arginine», dit le professeur Drouin.

En parallèle, Régen Drouin effectue aussi des recherches sur les dommages causés à l'ADN par les rayons ultraviolets, sur les mécanismes de réparation génétique et sur le contrôle de l'expression des gènes impliqués. Ses travaux favoriseront la mise au point de thérapies préventives pour les cancers de la peau.

Fils d'un agriculteur du Témiscouata, Régen Drouin remonte à sa tendre enfance pour expliquer son intérêt pour la génétique. À l'époque, son père avait remarqué qu'il était plus avantageux d'avoir moins de vaches qui produisent plus de lait que plusieurs bêtes moins productives. «Mon père avait compris que la quantité de lait qu'une vache donnait était probablement attribuable à la génétique», dit-il. En achetant judicieusement ses animaux, il a réussi à se bâtir le meilleur troupeau de la région. Le chercheur a été pressenti par différentes universités avant de poursuivre ses travaux de recherche en génétique à la Faculté de médecine et des sciences de la santé de l'UdeS. «C'est l'endroit le mieux équipé au Québec», conclut-il.